jeudi 15 décembre 2011

Travel Movie #6 - Bagdad Cafe


 Après avoir été abandonnée par son mari dans le désert de Mojave (dans le sud de la Californie), Jasmine, une allemande, n'a pas d'autre choix que de prendre la route à pieds, et se retrouve au Bagdad Café, petit motel / café miteux tenu par Brenda, une noire autoritaire, acariâtre et tapageuse qui vient elle de mettre son mari fainéant à la porte. Tout d'abord rejetée par Brenda, Jasmine va réussir à faire naître une amitié entre elles, grâce à sa simplicité et sa joie de vivre qu'elle finira par transmettre à toute la petite communauté.

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 Pour être tout à fait honnête avec vous, j'ai décidé de regardé ce film plus parce qu'il se passe dans l'ouest américain que pour son synopsis. Mais en fait, l'action ne se déroule pas vraiment dans l'ouest, elle se déroule à Bagdad, minuscule ville artificielle composée uniquement du café et du motel. "Où est le centre ville de Bagdad ?" demandera Jasmine, "Bagdad c'est ici" lui répondra Brenda. Dailleurs, Bagdad existe vraiment en Californie du sud, mais c'est une ville fantôme. On a donc bien ici à faire à une sorte de monde parallèle, une micro-société totalement repliée sur elle même où vivent tous les parias de la société, ou du moins leurs clichés : une famille noire-américaine, une prostituée, quelques routards, un ancien peintre hollywoodien et un flic indien. Et comble de la misère, la machine à café est cassée, donc pas possible de servir du café au café...et pour couronner le tout, pas de licence pour l'alcool, donc pas d'alcool. Même les lieux sont dépourvus de leur essence même, et ne servent à rien.

 Jasmine ne va donc pas être acceptée durant une bonne première moitié du film, considérée comme une étrangère, forcément nocive à ce petit monde. Mais ce dont Brenda ne se rend pas compte, c'est que la vie ne pourrait être pire que ce qu'elle est : aucun client dans le motel à part la "famille", on ne se parle que pour se crier dessus et il n'y a plus de café. Et c'est justement le termos de café de Jasmine, retrouvé sur la route par le mari de Brenda qui va symboliser l'intégration de l'allemande dans la communauté. Finalement c'est grâce à elle qu'il y a à nouveau du café, première étape de la reconstruction de Bagdad. Jasmine commence à se sentir bien, elle se sent libre pour la première fois, loin de l'autorité de son mari et totalement libérée de l'emprise des objets. En effet, elle a malencontreusement pris la valise de son mari au lieu de la sienne et se retrouve donc sans aucun objet personnel. Elle va donc pouvoir se concentrer sur l'humain. L'allemande endimanchée et sur-maquillée du début du film va progressivement retrouver visage humain. Elle qui n'a plus de contraintes va pouvoir donner de son temps à chaque membre de la communauté qui va petit à petit retrouver le goût du contact humain et de l'échange, et se rendre compte qu'il ne faut finalement pas grand chose pour que tout le monde retrouve le sourire, tout simplement s'intéresser aux autres. Le petit monde va recommencer à tourner, symbolisé par la scène durant laquelle Jasmine s'essaye au boomerang avec un backpacker de passage, le boomerang tournant parfaitement autour de la citerne d'eau et revenant à son point de départ, provoquant la joie de tous. Et lorsque Jasmine sera contraine de partir pour des raisons de visa, on verra le boomerang heurter le réservoir, symbole que le petit monde ne peut pas tourner sans Jasmine.

 En plus de la dimension humaine, Jasmine, grâce à une boîte de magie se trouvant (par magie ?) dans la valise de son mari, va réussir à refaire fonctionner le café grâce à un numéro de magie auquel elle fera participer toute la famille et qui fera rayonner la joie de vivre sur toute la communauté qui semble s'agrandir jour après jour. Mais à cause de son visa, Jasmine doit partir, mais revient aussitôt habillée d'une robe blanche, symbole d'un nouveau départ pour elle et pour Bagdad tout entier.

 Durant la dernière séquence du film, Jasmine est même demandée en mariage par Rudi Cox (interprété par Jack Palance) et sa réponse sera lourde de symbolisme : "Il faut que j'en parle à Brenda". Jasmine fait maintenant partie de la communauté.

 Le message du film est simple et humaniste, et c'est certainement ce qui à fait son immense succès lors de sa sortie en 1987, il gagnera même le César du meilleur film étranger lors de la cérémonie de 1989. Il faut préciser que le film est allemand contrairement à ce que l'on pourrait immaginer, réalisé par Percy Aldon qui ne rencontrera pas d'autre succès international ensuite.

 C'est vrai que l’esthétique du film à quelque peu mal vieillit à cause de l'utilisation quasi-ostentatoire de filtres plus jaunes les uns que les autres (Amélie Poulain c'est rien à côté !) et l'utilisation systématique de plans penchés pour signifier le malaise, mais c'était la mode au début des années 90, on lui pardonnera donc cet esthétisme douteux. On retiendra aussi évidemment la BO et en particulier Calling you interprété par Jevetta Steel (nominée aux oscars 1989 dans la catégorie meilleure chanson originale) qui habite véritablement le film de manière récurente et qui reste un bon moment dans la tête.

 Si vous allez faire un tour sur la Route 66, vous pouvez aller boire un café au Bagdad Café, il se trouve à Newberry Springs au sud de la Californie, à quelques kilomètres à l'est de Barstow. Il ne reste que le café, le motel est lui désaffecté et les poteaux métalliques qui supportaient anciennement le auvent ont disparu...leur site internet : http://www.bagdadcafe.us/

 Pour conclure, la bande annonce du film avec Calling you en fond, j'espère que ça vous donnera envie. Bon film !

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